Campagne électorale : l’impact pour vos relations publiques
La campagne électorale étant maintenant officiellement lancée, le paysage médiatique québécois va se transformer au cours des 39 prochains jours. Les médias scruteront les faits et les gestes des chefs des partis politiques jusqu’au 1er octobre prochain, à la recherche du moindre faux pas.
La campagne électorale aura un impact sur vos relations publiques et certaines de vos décisions, que vous soyez haut dirigeant d’une organisation syndicale, porte-parole d’un lobby ou chef d’entreprise d’une PME en pleine croissance.
Prenez note d’un fait indéniable : la couverture médiatique sera « amputée ». Le mot « amputé » n’est pas exagéré. Par exemple, la moitié du bulletin de nouvelles de TVA de 18h00 sera concentré exclusivement sur la campagne électorale avec des reportages et de l’analyse. Ajoutez du temps d’antenne pour les sports et la météo et il ne reste plus beaucoup de temps pour aborder les autres nouvelles de l’actualité.
Si vous suivez les médias sur Facebook, votre fil d’actualité sera inondé de textes en lien avec la campagne électorale. Et que dire des alertes des applications de nos téléphones intelligents qui se succèderont, nous informant instantanément d’une promesse électorale avec la mention « Dernière heure ».
Qu’est-ce que la campagne électorale signifie pour vos relations publiques? Est-ce que votre organisation doit systématiquement reporter toute sortie médiatique prévue en septembre après la campagne électorale?
La réponse : ça dépend.
Si votre nouvelle est majeure et d’intérêt public dans votre région, les médias seront au rendez-vous, campagne électorale ou non. Les médias continueront de couvrir les autres secteurs de l’actualité.
Toutefois, il se peut que ce soit un gros « pensez-y bien » si vous espérez une visibilité mur à mur dans vos médias, quelle que soit votre région.
Voici ce que vous devez savoir avant de prendre une décision pour votre sortie médiatique.
Une PME :
- La campagne électorale vient limiter la portée et l’impact de toute sortie médiatique, que ce soit une annonce d’envergure qui était prévue en septembre ou toute communication stratégique et positive dans les médias axée sur « la croissance de l’entreprise ». Oui, c’est possible d’obtenir un bon exposure médiatique, mais on part « avec des prises au bâton » si vous me permettez l’analogie avec le baseball.
- Si vous persistez à aller de l’avant avec une sortie médiatique en organisant par exemple une conférence de presse pour « souligner l’obtention d’un contrat important » ou « d’une acquisition majeure », vous devrez inviter tous les candidats de votre circonscription à l’annonce. Si vous invitez uniquement le député sortant et qu’il n’est pas réélu, disons que ça commence mal pour le contact à établir avec votre nouveau député pour la suite. J’ajouterais que ce type d’annonce peut créer un malaise lors d’une photo officielle où tout le monde joue du coude pour être devant le kodak…
- Si votre entreprise multipliait jusqu’à tout récemment des contacts avec le gouvernement pour l’octroi d’une subvention ou d’une aide financière nécessitant une approbation ministérielle, vous devrez vous armer de patience. Votre dossier est sur la glace : inutile de relancer le cabinet du ministre concerné, mais cela ne vous empêche pas de continuer de positionner votre dossier auprès des fonctionnaires du ministère. Toutefois, soyez conscient que la machine gouvernementale sera et restera au neutre tant que le prochain gouvernement ne sera pas formé, c’est-à-dire à la mi-octobre, deux semaines après l’élection et la période de transition, et ce, même si les libéraux sont réélus.
Un lobby :
- Soyez en mode vigie. Suivez assidûment la campagne électorale et les promesses des partis politiques parce que celles-ci pourraient toucher vos membres de près ou de loin.
- Votre organisation, que vous soyez à la barre d’un syndicat, d’une association de membres ou d’un regroupement d’organismes communautaires, pourrait être subitement sollicitée par les médias lorsqu’une promesse électorale touchera de près votre secteur d’activité. Par exemple, la semaine dernière, la Fédération des médecins spécialistes du Québec a dû réagir rapidement dans les médias lorsque la CAQ et le PQ ont annoncé qu’ils rouvriraient les ententes négociées avec les médecins spécialistes s’ils étaient élus. (Ce n’était pas une surprise comme promesse électorale, mais ça illustre qu’il faut réagir vite comme lobby visé).
- Soyez prêt à vous « revirer sur un 10 cents » pour réagir dans les médias et intervenir sur la place publique en diffusant un communiqué de presse « en réaction à la promesse du parti X ». Il est fort probable que vous n’ayez pas de couverture médiatique ou même de mention, mais vos membres seront informés de votre position et prendront note que vous êtes alertes face aux enjeux qui leur tiennent à coeur. Pas d’impact à l’externe, mais payant à l’interne.
- Documentez les promesses des partis politiques parce qu’elles vous serviront lors de vos représentations avec le prochain gouvernement, quel que ce soit votre enjeu.
En terminant, les mauvaises langues diront que la campagne électorale est une occasion en or pour toute entreprise d’annoncer des « mauvaises nouvelles » en espérant passer sous le radar des médias. C’est vrai. À condition que votre mauvaise nouvelle ne devienne pas le sujet principal de la période de questions des points de presse des chefs de partis le lendemain… Si ça se produit, préparez-vous bien à faire face à la tempête médiatique et politique. Parce que vous serez en mode gestion de crise.
Pour en savoir plus sur les relations publiques et les communications stratégiques :
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David Couturier
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