Élections provinciales : Préparez un plan d’action

« Il faut qu’on se positionne avant qu’il ne soit trop tard. »

Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai répété ce message dans des réunions au cours des dernières semaines. Je voulais faire comprendre à mes interlocuteurs que le temps était compté pour faire progresser leur dossier politique au gouvernement du Québec. Pour convaincre les décideurs de l’urgence d’agir avec leur enjeu.

Parce que la session parlementaire à Québec se termine le 10 juin prochain. Et parce que nous serons plongés en pleine campagne électorale dès cet été, qu’importe ce qu’en dira le gouvernement.

Concrètement, ça signifie ceci : si vous souhaitez sensibiliser un ministre du gouvernement Legault, n’attendez pas pour faire une demande de rencontre à son cabinet et activer vos démarches.

Dernière session parlementaire et campagne électorale : définir un plan d’action

Est-ce l’effet de la neige qui n’est pas fondue dans l’Est du Québec et des confinements qui font que certaines organisations ont mis sur pause bon nombre de leurs démarches politiques? Pourquoi attendre pour faire connaître vos revendications et faire avancer vos dossiers avec le gouvernement? Pourquoi?

Il est minuit moins une (d’accord peut-être 23h45) pour mettre fin à l’hivernisation de vos démarches politiques avec les élus et les titulaires de charges publiques. Deux fenêtres d’opportunité s’offrent à vous : vous inscrire dans le cadre de la présente session parlementaire et/ou celui de la campagne électorale.

Comme dirigeant, vous devez prendre un temps d’arrêt pour ajuster votre stratégie de relations gouvernementales, votre plan d’action politique ou votre stratégie de communication. Appelez ça comme vous voulez, mais ça vous prend un plan de match pour les 6 prochains mois susceptibles d’influencer les décideurs publics en faveur de vos enjeux.

Revenez à la base et posez-vous les bonnes questions pour éviter les démarches stériles et les coups d’épée dans l’eau. En voici quelques-unes :

  • Comment interpeller les décideurs et passer votre message afin qu’il soit bien entendu?
  • Pourquoi les décideurs seraient-ils enclins à vous écouter avec une oreille attentive face à vos demandes et vos revendications? Y-a-t-il véritablement urgence d’agir?
  • Avez-vous fait vos devoirs? Vous êtes-vous assuré de faire les suivis convenus?
  • Que pense le ministre concerné de votre dossier et de vos demandes? A-t-il une opinion favorable de votre organisation?
  • Qui sont les élus du gouvernement et/ou de l’opposition susceptibles de vous soutenir ou de vous nuire dans vos démarches?
  • Votre argumentaire est-il suffisamment convaincant et collé aux préoccupations du gouvernement?
  • Qui sont vos alliés politiques et vos corroborateurs (les organisations et individus influents qui partagent votre vision) qui pourraient vous appuyer?
  • Avez-vous envisagé des sorties publiques pour mettre de la pression sur le gouvernement et les candidats durant la campagne électorale?
  • Comment comptez-vous intéresser les médias à vos enjeux et vos revendications? Quelles sont les initiatives de communication envisagées?
  • Êtes-vous prêts à saisir les opportunités médiatiques pour faire parler de vos enjeux et vous rendre disponible pour des entrevues à quelques heures d’avis?

Avec votre plan d’action politique, gardez à l’esprit que vos demandes doivent souvent s’accompagner de communications stratégiques sur la place publique. Les relations publiques et les relations gouvernementales sont indissociables pour faire cheminer n’importe quel dossier auprès des décideurs. Ce sera encore plus vrai pour vos enjeux pendant la campagne électorale.

Même si les partis politiques dictent les annonces avec l’engagement du jour et que les médias décident de la nouvelle (tout en challengeant les chefs de parti sur l’actualité), rien n’empêche votre organisation d’effectuer des communications stratégiques pour vous faire entendre dans les médias. Mettre de la pression sur les partis afin que les candidats se commettent sur vos enjeux.

Vous ne devriez pas considérer la prochaine campagne électorale comme une pause de la mi-temps au football où vous attendez les bras croisés comme spectateur que la partie reprenne. Ne soyez pas un spectateur, devenez un joueur de la partie. Soyez un joueur d’impact. Et soyons clair : il n’est pas nécessaire que votre enjeu soit national. Vous pouvez très bien interpeller vos candidats locaux avec un enjeu propre à votre région.

Anticipez et préparez « votre » campagne électorale. Il s’agit d’une occasion unique de positionner vos enjeux, faire parler de votre organisation favorablement dans les médias et ultimement devenir un joueur clé influent aux yeux du prochain gouvernement. Un acteur qui influence l’agenda politique au lieu de le subir.

Pour réussir, prenez comme dirigeant le pas de recul nécessaire pour bien réfléchir sur la stratégie de communication à déployer pour la campagne électorale, que ce soit pour des rencontres avec les candidats ou pour alimenter les médias. Soyez bien accompagné avec des ressources qui connaissent bien l’environnement politique et gouvernemental. Parce que c’est d’abord un enjeu de positionnement. Et ça pourrait devenir, si vous commettez un faux pas, un enjeu de réputation et de perception pour votre organisation pendant les quatre prochaines années du prochain gouvernement. Les retours d’appels du cabinet pourraient être plus longs…

Positionnez-vous comme un joueur d’impact dès maintenant, bien avant l’issue électorale du 3 octobre prochain. Ne restez pas sur les lignes de côté.

 

Pour lire sur le positionnement politique d’un groupe d’intérêt :

Groupe d’intérêt : être respecté pour mieux influencer

 

David Couturier

*Article rédigé en collaboration avec Steeve LeBlanc, stratège en relations gouvernementales de Pragma Stratégies.