Changer sa stratégie avec les médias aussi vite que Martin St-Louis
Crédit photo : Getty Images
« Je ne passerai pas par quatre chemins : il n’y a pas d’engouement des médias. C’est presque l’indifférence totale ».
J’étais frustré et contrarié. C’était un mercredi soir frisquet en août dernier et je donnais l’heure juste à mon client : mes démarches de relations médias ne donnaient pas les résultats espérés. Nous étions à 72 heures de l’événement et la « réponse » des médias que j’avais sollicités n’était pas très convaincante. Quelques mains s’étaient levées pour faire mention de notre événement, mais j’étais très loin du succès d’une tournée médiatique mur à mur.
Je me sentais exactement comme Martin St-Louis lorsque son équipe s’écroule pendant le match et que rien ne fonctionne. Plus d’une fois, on découvre (et redécouvre) le visage crispé de l’entraîneur des Canadiens de Montréal qui cache mal sa frustration lorsque ses joueurs ratent leur début de match en accordant deux ou trois buts rapides. L’assurance et la confiance sur son visage disparaissent subitement, faisant place à de l’inquiétude. Dans ses yeux, on le voit : Martin Saint-Louis cherche une solution pour faire « débloquer » ses joueurs et reprendre le contrôle du match. C’est exactement le sentiment qui m’habitait ce mercredi soir du mois d’août lors de mon appel avec mon client. Il fallait que ça débloque. Il fallait trouver une façon que les médias s’intéressent à notre nouvelle.
Mon mandat, c’était de médiatiser la 30ième édition du 24h du Lac. Chaque été, des centaines de sportifs crinqués se donnent rendez-vous au Lac-Beauport et recueillent des dons pour des organismes caritatifs de la région de Québec dont la lutte contre le cancer. Ces sportifs de tous les âges, regroupés en équipe, s’alternent pendant 24 heures en vélo de montagne, en vélo de route, à la marche ou à la course à pied. J’avais accepté de donner un coup de main aux organisateurs, des gentlemans impliqués et fort sympathiques.
Le problème, c’est que les médias étaient, pour la plupart, INDIFFÉRENTS. Même si l’événement possède un caractère unique avec du sport en pleine nuit et pour une bonne cause, mon téléphone restait silencieux pour les demandes d’entrevue. Le porte-parole ne suscitait pas l’attraction et l’intérêt médiatique qu’on souhaitait provoquer pour faire parler de l’événement. Lumière rouge!
La vérité : je m’en allais droit dans le mur. Face à ce mur d’indifférence (et mon grand découragement), je me suis posé une question toute simple pour revenir « aux jeux de base » comme au hockey : Pourquoi y a-t-il si peu d’intérêt des médias? Plusieurs raisons saupoudrées ici et là pouvaient l’expliquer, mais nous avions surtout négligé le plus important : raconter une histoire humaine.
Et nous en avions une belle inspirante à raconter. L’histoire de Kaissey, une jeune fille de 10 ans, survivante de la leucémie, qui allait marcher pendant 24 heures à la mémoire de son ami décédé du cancer. Les organisateurs avaient effectué un premier contact avec sa mère au début de l’été. La mère de la jeune fille avait accepté que l’histoire de sa fille soit racontée et demeurait disponible. L’histoire de Kaissy pouvait intéresser les médias et elle méritait d’être racontée pour faire parler de la lutte contre le cancer et du 24h.
La dynamique des relations médias a changé spontanément, à 48 heures de l’événement. J’ai d’abord proposé l’histoire au Journal de Québec, un média très sensible aux histoires humaines marquantes. L’entrevue avec Kaissy et sa mère a été diffusée le samedi matin de l’événement, en page 3 dans la version papier du Journal de Québec et sur toutes leurs plateformes. La parution de l’article a créé un effet boule de neige avec TVA. La mère et sa fille ont fait une entrevue au lieu de rassemblement de l’événement pour l’émission Salut Bonjour. Une journaliste de TVA a pris le relais avec une entrevue en direct et un reportage diffusé aux bulletins de nouvelles de 18h00 et de 23h00.
Grâce à la petite Kaissy et sa mère, l’intérêt pour le 24h du Lac et la cause sont passés à un tout autre niveau avec une couverture provinciale. Je ne m’en cache pas : sans l’implication de cette petite famille, cette histoire n’aurait pas été connue et l’exposure médiatique pour l’événement n’aurait pas du tout eu la même envergure.
J’ai changé de stratégie avec les médias aussi vite que Martin Saint-Louis change son plan de match et remanie ses trios pendant la période. Et vous devriez en faire de même avec vos offensives médiatiques. Face à l’instantanéité de la nouvelle et face à l’actualité qui sera toujours imprévisible, n’importe quelle organisation doit rester agile. Oui, ça veut parfois dire jeter le Plan de com aux poubelles et très souvent revenir à l’essentiel.
Et ne l’oubliez jamais : avec le storytelling et une histoire humaine qui touche les gens, tout redevient possible.
David Couturier
Pour lire l’article sur l’histoire de Kaissy :
https://www.journaldequebec.com/2024/08/23/guerie-de-la-leucemie-elle-prend-part-au-24h-du-lac-a-la-memoire-de-son-ami
Pour faire un don au 24h du Lac :
https://24heuresdulac.com/