Comment attirer l’attention des médias (avec ou sans ramens)
Courtoisie : Gaijin Ramen
Gaijin Ramen est un nouveau restaurant de ramens qui vient d’ouvrir ses portes à Québec. Ce comptoir fast-food asiatique est situé à La Pyramide, repère commercial bien connu des étudiants et des travailleurs de Sainte-Foy. Des restos de ramens à Québec, on en compte sur les doigts de la main. J’ai eu le mandat de médiatiser son ouverture plus tôt cet automne et de sortir des sentiers battus.
Les jeunes propriétaires, David Trudeau-Fournier et Alexandra Joly, sont respectivement âgés de 26 et 28 ans. Ils font partie d’un groupe d’âge que les médias et la société appellent affectueusement « la génération des millléniaux ». Avec Gaijin Ramen, ces jeunes entrepreneurs ont une vision claire : offrir des plats abordables avec des produits locaux, frais, éco-responsables et fait maison.
Comment « penser en dehors de la boîte » avec votre stratégie médiatique
La stratégie médiatique proposée aux propriétaires de Gaijin Ramen? Vendre les entrepreneurs, des entrepreneurs milléniaux en l’occurrence, qui gèrent des employés milléniaux et qui servent leurs plats à des clients qui sont pour la grande majorité des milléniaux. Le mot clé ici : milléniaux.
L’objectif : « penser en dehors de la boîte » et mettre de côté un lancement traditionnel en grande pompe. Je jugeais cette option trop dispendieuse pour les clients et pas suffisamment efficace par rapport aux objectifs que nous nous étions fixés. J’ai donc proposé une stratégie chirurgicale plutôt que d’utiliser des feux d’artifice pour attirer l’attention.
Avec Gaijin Ramen, l’histoire à raconter, ce n’était pas ce que le menu du restaurant avait à offrir. L’histoire à raconter, c’était d’abord la vision de ces entrepreneurs milléniaux. Leur vision de la restauration. Leur vision ainsi que leur préoccupation du bien-être et de la rétention de leurs employés.
Qui de mieux placés que des patrons milléniaux pour comprendre des employés milléniaux dans le contexte actuel de pénurie de main d’œuvre qui frappe durement le secteur de la restauration?
Mon contact au Journal de Québec, à qui j’avais proposé le sujet, a tout de suite aimé l’idée et une entrevue était organisée dès le lendemain. 72 heures plus tard, l’article du Journal de Québec (et repris par le Journal de Montréal) en page 2 s’intitulait « Ils évitent la pénurie en traitant leurs employés avec soin ».
Capture d’écran, Journal de Québec, 8 novembre 2018
Le matin même de la diffusion de l’article, l’histoire a fait boule de neige à la radio. Plusieurs stations de radio voulaient parler au « restaurateur millénial » qui « avait trouvé la recette pour contrer la pénurie de main d’œuvre ».
Les recherchistes avec qui j’étais en contact s’intéressaient à l’histoire racontée, celle des restaurateurs milléniaux qui n’ont pas de problème de pénurie de main d’œuvre alors que le milieu de la restauration en est durement frappé. Étant eux-mêmes des milléniaux, les copropriétaires de Gaijin Ramen étaient les mieux placés pour « retenir » leurs jeunes employés. Bref, se mettre dans leurs souliers et s’adapter.
Suite à la parution de l’article du Journal de Québec, un communiqué de presse qui misait sur l’approche et les plats du restaurant a également été distribué à des médias ciblés, des médias susceptibles de mettre l’emphase sur le menu et l’offre alimentaire de Gaijin Ramen. Cette opération a engendré d’autres articles de presse, cette fois publiés avec un angle plus foodies.
Le succès de l’opération médiatique avec Gaijin Ramen n’est pas un accident de parcours. Il est possible pour votre organisation d’adapter la recette utilisée à votre réalité pour attirer l’attention des journalistes et faire parler de vous dans les médias.
Clin d’œil aux ramens, voici 4 ingrédients à réunir si vous souhaitez faire parler de votre organisation dans les médias :
1) Racontez votre histoire
Chaque organisation a son histoire. Chaque entrepreneur a sa propre histoire. Si vous souhaitez la raconter, racontez votre histoire telle que vous l’avez vécue. Acceptez de placer votre histoire à l’avant-plan et de laisser votre entreprise en arrière-plan.
L’histoire racontée, le storytelling, crée une ambiance particulière pour piquer la curiosité des médias. Les journalistes sont toujours séduits par ce qui apparaît comme du nouveau et un vent de fraîcheur. À l’inverse, ces derniers ont généralement le réflexe de se braquer, et avec raison, s’ils suspectent que vous embellissez votre propre histoire pour de l’exposure médiatique. Ce n’est ni gagnant à court terme ni à long terme. N’essayez pas d’embellir des faits et de manipuler des détails pour vous rendre plus attrayant auprès des médias. Soyez vrai.
Par exemple, il y a une différence fondamentale entre raconter « j’ai claqué la porte de ma job de bureau pour lancer mon entreprise innovatrice » et découvrir après un travail journalistique que votre employeur vous avait plutôt « congédié pour incompétence ». Ce n’est pas l’histoire d’un entrepreneur qui a pris un risque, c’est l’histoire d’un chômeur qui s’est débrouillé le bec à l’eau et qui a embelli les faits. Pas aussi vendeur…
Lorsque j’étais journaliste, j’ai ressenti plusieurs fois un doute semblable lorsqu’une histoire apparaissait cousue de fils blancs. Je consultais systématiquement mes patrons dans le doute. Vous saviez ce qu’on faisait après nos vérifications? Le reportage n’était tout simplement pas diffusé. Même si on avait passé la journée en tournage. Comme le dit l’adage, dans le doute, mieux vaut s’abstenir.
2) Ciblez l’angle d’actualité pour vous positionner
Collez-vous autant que possible à l’actualité. Si possible, collez votre histoire à l’angle d’actualité dont les médias parlent de façon soutenue et qui engendre une couverture médiatique fréquente. Le thème de la pénurie de main d’œuvre est un bon exemple depuis quelques mois. Une PME qui lance une campagne de recrutement doit positionner son opération médiatique avec la pénurie de main d’œuvre, c’est un must.
L’angle d’actualité, c’est souvent « la poignée » pour vendre votre nouvelle. Assurez-vous toutefois d’avoir un propos pertinent et du contenu à véhiculer en lien avec l’actualité. Les médias ne s’intéressent pas à votre entreprise. Ils s’intéressent à votre histoire et dans ce cas-ci aux moyens que vous déployez face à un problème d’actualité qui touche de près ou de loin le public.
3) Acceptez que votre marque ne soit pas à l’avant-plan
Votre entreprise est peut-être un leader dans son domaine d’affaires et vos produits sont peut-être les plus vendus en Europe dans votre industrie, mais ce n’est pas ce dont les médias veulent parler. Il se peut même que vos succès ne les intéressent même pas!
Les médias se concentrent sur l’intérêt public, ce qui intéresse la population, leur lectorat ou leur auditoire. Acceptez que le contenu de votre communiqué de presse adressé aux actionnaires ne soit pas ce qui intéresse les journalistes. Acceptez aussi que l’enjeu d’actualité devienne l’objet du reportage et que votre entreprise soit uniquement mentionnée par la bande.
Vous savez quoi? Ça fait partie de la game. Deux choix s’offrent à vous : jouez le jeu ou restez à l’écart médiatiquement.
Ceci dit, mieux vaut un article où votre organisation est bien positionnée avec des mentions mettant en valeur votre vision que de n’avoir rien du tout. Gardez toujours en tête l’impact pour votre référencement sur Google lorsque l’on cherche votre entreprise en ligne. Le nom de votre entreprise circule positivement, c’est ce qui compte, non?
4) Devenez un caméléon : adaptez votre stratégie médiatique
En 2018, il est de plus en plus difficile de profiter d’une couverture mur à mur dans les médias, particulièrement si votre secteur d’activités est situé dans des grands centres comme Montréal et Québec.
Soyez créatif, « pensez en dehors de la boîte » et offrez votre histoire à un seul média si nécessaire. L’exclusivité offerte à un seul média peut créer un impact beaucoup grand que si vous organisez une conférence de presse en grande pompe un lundi matin. L’impact ne sera pas le même tout comme fort probablement le retour sur votre investissement.
Pour lire l’article sur les propriétaires du Gaijin Ramen et un résumé sur les plats offerts:
https://www.journaldequebec.com/2018/11/08/lls-evitent-la-penurie-en-traitant-leurs-employes-avec-soin
Pour en savoir plus sur Gaijin Ramen :
gaijinramen.ca
Pour en savoir plus sur les relations publiques et les communications stratégiques :
www.davidcommunication.com/blogue/
David Couturier
David Communication