Élections provinciales : il n’est pas trop tard pour régler votre dossier politique
Le décompte est lancé. Il ne reste que 11 jours « ouvrables » avant l’ajournement des travaux de la session parlementaire à l’Assemblée nationale. Le vendredi 15 juin prochain marquera la fin de la 41ième législature et les partis dresseront leur bilan de fin de session… et de mandat. Les députés se diront une dernière fois au revoir avant la campagne électorale et l’élection du 1er octobre prochain. Des dizaines d’élus ne se représenteront pas aux prochaines élections.
Si vous suivez l’actualité, vous remarquerez que les partis politiques sont déjà dans les faits en campagne électorale et se positionnent avec des engagements. Parfois ces engagements sont carrément des « ballons », comme on les appelle, pour tester l’opinion publique.
Dans ce contexte, est-il trop tard pour régler votre dossier politique à quelques semaines de la fin de la session parlementaire et à moins de trois mois de la campagne électorale?
Avez-vous raison de garder espoir?
Réponse : ça dépend.
- Il est trop tard si vous faites actuellement pression auprès du gouvernement pour des changements législatifs en souhaitant convaincre les élus de modifier une loi. Je vous en parlais en février dernier dans ce billet ici.
- Si votre dossier chemine déjà « dans la machine » pour du financement ou des modifications réglementaires, vous avez encore du temps devant vous pour « régler ».
Ce que vous devez savoir avant de positionner votre dossier politique
Soyons clair : il ne sera jamais trop tard pour positionner votre dossier politique et effectuer des interventions auprès du ou des cabinets ministériels que vous ciblés.
Il est encore possible de faire pression sur le gouvernement, même si la machine gouvernementale ralentit à l’aube de la campagne électorale.
Pourquoi? Tout simplement parce que les ministres auront bientôt plus de temps. À partir de la mi-juin, les ministres n’auront plus l’obligation de siéger à l’Assemblée nationale lors de la période de questions et en commission parlementaire. Même en été avec les vacances et dans ce contexte pré-électoral, les ministres et le personnel politique continueront de travailler. Les ministres, surtout ceux qui se représentent, voudront régler leurs dossiers prioritaires pour peaufiner leur bilan avant la campagne électorale.
Pour vous donner une image claire, c’est comme mettre la maison en ordre avant qu’elle soit en vente sur le marché. La maison doit être belle et « Spic and Span »!
Ceci dit, plus vous tardez, moins votre dossier sera priorisé. Et soyons francs, ça dépend de la nature de votre demande.
J’en ai discuté récemment avec un ex-directeur de cabinet du gouvernement et stratège libéral. Ce dernier était sans équivoque : cette période tampon entre la fin de la session parlementaire et le déclenchement de la campagne est déterminante.
« C’est le moment de nettoyer l’ardoise avant l’élection, me racontait-il. Les semaines après la session parlementaire seront des semaines cruciales. Les ministres voudront régler leurs dossiers pour bien paraître en campagne électorale. Et il faut se comprendre David, si un dossier atterrit à la dernière minute sur le bureau du ministre et que c’est un dossier d’impact majeur comme une entreprise qui crée des emplois dans une région, le cabinet va le prioriser, même à quelques jours du déclenchement de la campagne électorale ».
Parallèlement à vos démarches politiques, une fois la campagne électorale déclenchée, rien ne vous empêche de positionner et de bien faire connaître votre dossier auprès des fonctionnaires des ministères concernés, même si la machine gouvernementale sera sur le neutre pour la prise de décisions. Cette tactique vise à gagner du temps après l’élection pour « faire atterrir » votre enjeu auprès d’un tout nouveau cabinet ministériel.
Organiser une sortie médiatique pour mettre de la pression sur le gouvernement : oui ou non?
Dépendamment de la nature de votre dossier, une sortie médiatique proactive de votre part pourrait être envisagée pour accélérer vos démarches politiques. Faire parler de votre enjeu dans les médias atterrit directement dans la revue de presse du ministre et vous aide à positionner votre dossier auprès du cabinet. Bref, si le ministre lit sur vous le matin dans le journal, ça aide.
En autant, bien sûr, qu’une telle opération ne vienne pas court-circuiter vos démarches que vous avez déjà entamées et ne vienne pas nuire à vos efforts. Être trop rapide sur la gâchette pour alerter les médias n’est pas toujours un gage de succès.
Beaucoup d’organisations, qui pensent faire avancer leur dossier en multipliant les sorties publiques, se font barrer l’accès au ministre parce qu’elles aiment un peu trop les kodaks… Pourquoi? Parce que leurs déclarations répétées dans les médias brisent le lien de confiance nécessaire à l’avancement rapide du dossier avec le cabinet.
C’est toujours une question de dosage. Le timing et le ton de la sortie médiatique jouent pour beaucoup dans le succès de la stratégie. Des communications publiques peuvent vous aider à faire cheminer votre dossier politique… en autant qu’elles soient stratégiques.
David Couturier
Stratège en communication et en relations publiques