St-Hubert et l’art d’accrocher les médias

Je suis un fan fini de St-Hubert!

Comme plusieurs, ma dernière facture en salle à manger avec la petite famille m’a laissé un goût amer. Et je ne suis pas le seul à remarquer que les repas coûtent de plus en plus cher au St-Hubert. Le patron l’admet lui-même!

La semaine dernière, le président-directeur général de la chaîne de restauration est sorti sur la place publique pour annoncer deux nouvelles. Premièrement, le PDG a reconnu une baisse d’achalandage marquée dans les restaurants, une baisse « dans les deux chiffres ». Ce dernier a dit qu’il comprenait la réaction des clients qui désertent ses salles à manger ou qui se privent d’un à-côté dans leur commande en raison des prix trop élevés. Deuxièmement, le dirigeant a annoncé le gel des prix des plats principaux et une réduction de prix de certains mets comme les salades, les soupes et les desserts. Par exemple, la soupe poulet et nouilles passe maintenant de 6,95$ à 5,75$.

La stratégie médiatique du Groupe St-Hubert a été bien pensée et bien exécutée. La nouvelle est d’abord parue en exclusivité dans La Presse le 8 octobre dernier, un article synchronisé avec la diffusion du communiqué de presse de l’entreprise le matin même. Par la suite, ce fut l’effet domino dans les autres médias. Les animateurs de radio s’en sont donné à cœur joie pour commenter la baisse de prix annoncée et le mea culpa de l’entreprise qui reconnaissait ses torts avec les factures trop élevées. Par exemple, dès 7h15 le matin, c’était le sujet de discussion de Patrick Lagacé et de Marie-Ève Fournier lors de la chronique financière du 98.5, heure de pointe matinale et de grande écoute.

St-Hubert s’est servi des médias pour faire parler de sa marque et de ses restos, à un moment clé de l’année où le quart de poulet poitrine devient un plat réconfortant pour affronter le temps gris de l’automne. Cette stratégie de communication devrait servir d’exemple pour plusieurs propriétaires d’entreprise et dirigeants d’organisations à la recherche de visibilité. Pourquoi? Parce que St-Hubert a visiblement bien réfléchi sur sa clientèle et le contexte économique actuel, son « environnement d’affaires ».

St-Hubert a mis le doigt sur un sujet dont tout le monde parle et qui touche ses clients : l’inflation et la hausse des prix dans les restaurants. Plusieurs familles, qui auparavant visitaient la chaîne de restauration plusieurs fois par année, préfèrent dorénavant commander leur poulet pour emporter, aller ailleurs… ou cuisiner à la maison. St-Hubert n’est pas la seule entreprise à avoir exploité cette accroche médias du gel et de la baisse des prix. En juin dernier, Chocolat Favoris annonçait le gel sur le prix des cornets de crème glacée « trempés » dans le chocolat. Le soir de la nouvelle, il suffisait de visiter une succursale pour comprendre le succès du coup marketing…

Oui, St-Hubert jouit d’une notoriété aussi exceptionnelle en restauration que Costco dans le commerce au détail. Cela dit, la sortie publique du PDG de St-Hubert n’aurait pu eu le même impact médiatique si la chaîne avait simplement dévoilé de nouveaux mets ou annoncé l’ouverture de nouveaux restaurants dans le 450. Cette sortie médiatique a fonctionné parce que l’entreprise a parlé des vraies affaires : le portefeuille de sa clientèle et le « budget resto » pour de nombreuses familles. Parce que ça coûte plus cher qu’avant aller au resto. Et il ne suffisait pas d’en parler. Le PDG devait mettre « un genou à terre » et admettre que les prix de la chaîne étaient trop élevés pour certains plats offerts en salle à manger.

Avec cette annonce de gel et de baisse de prix, St-Hubert a été le talk of the town dans les médias pendant une semaine complète. Ce qu’on appelle le talk of the town, c’est ce dont tout le monde parle et c’est ce qui guide les professionnels des médias lorsque vient le moment de choisir les sujets à traiter.

Cette couverture médiatique sert de leçon à n’importe quelle entreprise ou organisation, même si l’envergure et les attentes ne doivent pas nécessairement être les mêmes. Assurez-vous d’être bien conseillé pour trouver la bonne accroche pour intéresser les médias. Et surtout, posez-vous une question toute simple : mon histoire, est-ce que ça parle vraiment aux personnes que je veux rejoindre?

 

David Couturier

 

Pour lire l’article de La Presse :
https://www.lapresse.ca/affaires/entreprises/2024-10-09/temps-durs-en-restauration/st-hubert-revoit-ses-prix.php